dimanche 14 juin 2015

Un voilier passe...



La goélette Ripley devant la côte du Labrador, en 1833. John James Audubon garda toute sa vie, comme moi, la nostalgie de ce pays magique où nous reviendrons peut-être un jour ensemble. Crayons de couleur. Dessin par Pierre-Olivier Combelles (Sorata, Bolivie, 2001).



Un voilier passe…

Je suis debout au bord de la plage.
Un voilier passe dans la brise du matin,
et part vers l'océan.
Il est la beauté, il est la vie.
Je le regarde jusqu'à ce qu'il disparaisse à l'horizon.
Quelqu'un à mon côté dit : « il est parti ! »

Parti vers où ?
Parti de mon regard, c'est tout !
Son mât est toujours aussi haut,
sa coque a toujours la force de porter
sa charge humaine.
Sa disparition totale de ma vue est en moi,
pas en lui.

Et juste au moment où quelqu'un près de moi
dit : «il est parti !»
il en est d'autres qui le voyant poindre à l'horizon
et venir vers eux s'exclament avec joie :
« Le voilà ! »

C'est ça la mort !
Il n'y a pas de morts.
Il y a des vivants sur les deux rives.


William Blake (1757-1827)
Chants d'Innocence ; Le Mariage du Ciel et de l'Enfer ; Chants d'Expérience.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire